Arrêté pour trafic présumé de drogue, le décès de ce jeune compatriote de près de 29 ans a été annoncé à sa famille, le 17 mai dernier, par les responsables de la prison centrale de Libreville. Pendant que ses parents cherchent à comprendre ce qui s'est réellement passé entre son interpellation par les éléments de l'Office central de lutte antidrogue (Oclad), le 12 du mois en cours, et son placement en détention préventive à Gros-Bouquet trois jours après, les deux entités se rejettent la responsabilité de ce drame.
Le 21 mai 2020, à Essassa, dans le 2e arrondissement de la commune de Ntoum, nous avons rencontré les parents de Cédric Apedo, affligés à la suite de la mort de ce dernier. Technicien en génie civil, ce compatriote de 29 ans, serait décédé le 17 mai dernier. Un décès dont la police où il était gardé à vue, et la prison centrale de Libreville déclinent toute responsabilité.
Selon les parents, huit policiers se présentant comme étant de l'Office central de lutte antidrogue (Oclad) l'ont arrêté le 12 mai, au domicile familial vers 4 heures. "Après avoir demandé à chaque membre de la maisonnée de décliner son identité, ils ont insisté sur Cédric, lui ont pointé une arme au niveau de la tempe en arguant qu'un indic les aurait informés de ce qu'il ferait dans le trafic de drogue. Bien qu'ils n'aient rien trouvé après la perquisition de la maison, ils l'ont emmené de force dans leurs locaux", relate une source familiale.
Au vu de l'heure tardive qui entre dans la période du couvre-feu, les parents ont attendu le matin pour aller à l'Oclad, espérant être édifiés sur cette affaire, floue à leurs yeux. Mais rien ne leur aurait été dit. Tout comme ils n'ont pas pu voir Cédric. Le jour d'après, ils auraient reçu un coup de fil d'une dame qui se prénommerait Stella, et qui serait aussi policière en service à l'Oclad. "La dame a dit qu'elle voulait rencontrer maman en urgence, au carrefour Léon-Mba. Maman y est allée avec mes frères. Sur place, elle proposera ses services pour éviter son défèrement devant le parquet. Pris de court, ils n'ont pu répondre favorablement à cette offre", confie notre source.
Les agents l'ont donc déféré le 15 mai au parquet. Le même jour, il a été placé sous mandat de dépôt à la maison d'arrêt de Libreville. "Deux jours après, vers 19 heures, la prison centrale nous apprend le décès de Cédric. Le 18 mai, jusqu'à 17 heures, il était impossible pour les parents partis à la prison de voir son corps. Mais alors qu'ils rentrent à la maison, ils sont appelés par un responsable de la prison qui leur dit que Cédric est mort des suites d'un étouffement", selon notre source. "Lorsque je suis reparti, après l'avoir refusé au départ, la prison centrale a consenti à mettre à ma disposition un véhicule pour transférer la dépouille en début de décomposition, vers une maison des pompes funèbres. J'ai remarqué que le corps portait des traces de violence et saignait du nez et de la bouche", ajoute un autre membre de la famille. Une position battue en brèche par la police. Cette dernière information amène à poser trois questions : Cédric a-t-il subi des sévices avant son déferrement et sa mise en détention préventive ? Si oui, serait-il mort des suites des coups reçus ? Comment a-t-il été accueilli à "Sans-Famille" ?
Les responsables de la prison centrale sont clairs sur toutes ces interrogations : "Cédric n'est pas mort chez nous."
Guy-Romuald MABICKA
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