Musique/Trois questions à... : ...Pierre Akendengue : " Olatano est un concept fédérateur "

En prélude au trois concerts qui réuniront à l'Institut français, vendredi et samedi à 20 heures, et dimanche à 16 heures, les artistes de l'ancienne et de la nouvelle génération, Tonton Coco comme on l'appelle affectueusement, décline dans cet entretien les temps forts de cette rencontre artistique et culturelle, tout en indiquant les particularités et la symbolique.

L'UNION : Après la célébration des quarante ans de votre carrière l'an dernier, voici une nouvelle manifestation artistique et culturelle : “Olatano”. Qu'est-ce qui a milité en faveur d'une telle initiative?

Pierre Akendengue : " Olatano signifie la rencontre en langue Omyénè. Lorsque les responsables de l'Institut français m'ont demandé d'assurer la rentrée des activités pour l'échéance 2014-2015, nous nous sommes dits qu'il fallait trouver un concept novateur. Il est vrai que le propre des artistes est de communiquer à priori avec le public, je me suis rendu quand même compte qu'il n'existait pas assez de rencontres entres eux. Pourtant, le fait de se retrouver permet déjà de mieux se connaître les uns et les autres, de se remémorer les choses vécues ensemble pour ceux qui appartiennent à la génération d'hier, mais aussi de rencontrer les plus jeunes. Du coup, J'ai imaginé que se retrouver serait un moment fabuleux qu'on ne vit malheureusement plus actuellement. L'objectif ici est qu'ensemble nous puissions communiquer avec le public. J'ai pensé que cela serait un moment intéressant pour les mélomanes, et une sorte de réconciliation du public avec ces artistes "

-Quelles vont être les particularités de ces trois rendez-vous?

" Plusieurs générations vont se retrouver sur la même scène. Il y aura, bien entendu, ceux qu'on peut appeler les valeurs d'hier telles que Martin Rompavet, Mackjoss, Hilarion Nguema, Claude Damas Ozimo, et Marcel Djabioh, mais également les artistes de la jeune génération. Nous avons voulu les associer par la même occasion. C'est à eux de prendre maintenant le relais, parce que le temps nous est compté pour la vieille génération que nous sommes. Autour de Michel Ndaot, on aura donc des noms tels que Hurricane, Gutemberg, Célé et ses ballets, Clarisse Mouassi, Killman, et bien d'autres. J'ai pensé qu'unir sur une même scène les artistes d'hier et ceux d'aujourd'hui serait un moment rare à offrir à notre aimable public"

- A l'annonce de cet événement, plusieurs personnes se sont remémorés le "Carrefour des arts" que vous avez dirigé dans les années 90, et qui permit l'éclosion de nouveaux talents. Existe-t-il forcément un lien entre Olatano et cette initiative d'il y a plus de vingt ans?

"Il y a certainement un lien. Un carrefour est un lieu de rencontre et de croisement. En conséquence, cette référence au Carrefour des arts peu apparaître comme une évidence. Une rencontre, par contre, appelle à un échange et laisse penser à un moment privilégié que plusieurs personnes passent ensemble et non pas pour se croiser. Notre but au cours de Olatono est de nous retrouver tous en une soirée, parce que ces moments deviennent de plus en plus rares aujourd'hui. A la différence du Carrefour des arts qui était un lieu où les aînés essayaient de transmettre le savoir aux cadets, en conformité avec la pédagogie propre à l'éducation dans les sociétés traditionnelles. Le concept Olatano reflète la joie d'être ensemble dans une cour du village par exemple, où celui qui se sent inspiré, exécute un chant ou dit un conte. Et tout cela dans la convivialité. L'accent sera donc mis sur toutes ces émotions et le bonheur de ces retrouvailles. Pour cela, je demande donc à tout le monde d'être là, et de ne manquer aucun de ces trois rendez-vous. Olatano est un concept fédérateur. En ce moment où notre vie collective connaît quelques soubresauts, j'aimerai qu'en une soirée, nous effacions toutes nos différences pour renforcer tout ce qui nous rassemble. Que notre diversité soit une richesse partagée"

Propos recueillis par Frédéric Serge LONG

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